Article sciences mode "Frankenstein"

Un neurologue italien a déclaré pouvoir transplanter des têtes humaines, vivantes, sur d'autres corps humains dans les deux ans. Le processus est complexe, mais réalisable, et promet au patient potentiel une longue et douloureuse convalescence, avec des importantes séances de kiné pour apprendre à se servir de ce nouveau corps. En fait il faut un etre malade du corps mais sain d'esprit et un mort cérébral mais avec un corps en bonne santé. Youpi!

L'opération a déjà été menée par le docteur Robert White dans les années 70 avec un certain succès sur des singes, qui ont survécu à l'opération mais qui ont ensuite été enthanasiés par les scientifiques...

Plusieurs questions se posent alors, chers lecteurs.

 Tout d'abord une telle opération durerait des heures, mobilisant une centaine de personnes. Le coût serait donc immense et limiterait une telle opération aux plus riches. Un milliardaire n'hésiterait sans doute pas à acheter un nouveau corps etc... Cela pourrait aussi encourager des traffics humains. Regardons par exemple ce qu'il arrive avec un organe comme le rein. On a tous en tête l'histoire d'une personne se réveillant dans une baignoire de glaçons avec une immense cicatrice sur le côté. Alors imaginez ce que l'on pourrait faire pour un nouveau corps, sans défaut, quand on ne peut pas marcher, quand on a une maladie incurable...

Ensuite, est ce souhaitable?

La vie éternelle, s'accrocher à cette utopie, n'est ce pas le signe d'une maladie mondiale? Notre planète est malade, nous sommes malades. Nous voulons vivre éternellement alors que notre vie actuelle n'est souvent que futilité superficielle.

L'une des oeuvres que je préfère de Simone de Beauvoir, tous les hommes sont mortels, est l'évocation d'un homme qui vit éternellement. Mais ce livre propose surtout au lecteur de se projeter dans l'enfer que vit cet homme, qui n'a plus le gout de vivre, son immortalité est subie, comme une malédiction. Car la vie s'apprécie par son véritable sens, par sa complète et certaine finitude. Nous apprécions véritablement les choses car nous savons que l'objet de notre attention peut et va disparaitre. Dans ce roman, le vrai sens de la vie selon Beauvoir, et je suis assez en accord avec cette "définition", est que c'est la mort qui définie la vie. Notre vie n'est qu'un passage fugace entre deux formes de néant. 

En fait, cette quête de la vie éternelle par un individu enlèverait toutes les caaractéristiques de l'humanité, et ne laisserait qu'un cynisme malsain et un ennui éternel...